Réflexion pour TWO : caisse impériale

Fresco sort une caisse en bois. Je ne le remarque pas tout de suite, mais la partie supérieure sert de couvercle que l'on peut faire glisser pour ouvrir la caisse. Deux caractères chinois sont inscrits sur le couvercle. Fresco présente cette fois l'objet en se demandant comment mettre en relation un visiteur de musée avec l'objet sur un plan émotionnel, surtout si l'on considère que les panneaux de musée restent souvent si secs et objectifs.

C'est en pensant à cela que Fresco ouvre la boîte. L'intérieur est tapissé d'une soie bleu-gris, au fond se trouve une structure supplémentaire, également tapissée de soie, pour une boîte plus petite. Cette boîte pouvait également être retirée et ouverte. Fresco me dit que des lettres impériales y ont été placées - des mandats ou des avertissements de l'empereur - et que les caractères chinois sur le couvercle signifient "ordre". J'enregistre tout cela, mais cela ne me dit pas grand-chose. Je comprends immédiatement pourquoi Fresco a présenté l'objet de cette manière. Si je l'avais vu dans une vitrine de musée avec une inscription informative, je serais probablement passé à côté.

Fresco et moi, nous nous démenons tous les deux. Comment pouvons-nous faire le lien avec cette boîte ? Fresco explique que l'empereur n'envoyait cette boîte que lorsqu'il y avait de mauvaises nouvelles à annoncer, comme une réprimande par exemple. Cela dure un certain temps, mais la boîte commence tout de même à vivre. On ne voulait pas recevoir cette boîte ; quand on a vu qu'elle était livrée, on a su qu'elle était fausse. Nous avons soudain vu des comparaisons avec notre vie quotidienne. C'est le coup de téléphone avec les mauvaises nouvelles que l'on a (pas) attendu toute la journée, ou l'enveloppe bleue qui tombe sur le paillasson. Quand on voit cela, la boîte devient soudain beaucoup plus menaçante qu'avant.

Nous sommes arrivés à la conclusion qu'en plus d'une telle comparaison, la boîte pourrait très bien fonctionner dans un contexte muséal. Même pour les ex-élèves ou les jeunes étudiants : c'est l'appel du tuteur après l'examen final, quand on a effectivement une telle intuition qu'on a échoué. Dommage que l'on ne puisse pas déballer soi-même la boîte dans le musée, car cela aurait certainement renforcé l'atmosphère inquiétante qui s'en dégage.