Interview avec Mariette Ernst
Jill Decrop Ernst
02 avril, 2024
Belgique, Liège

Canari
Mariette Ernst est une enseignante de langues germaniques (allemand, anglais, néerlandais) à la retraite. Elle a plus de 40 ans d'expérience.
Peux-tu me raconter l’histoire du “Kanarievogeltje”?
C’était une leçon de néerlandais pour des enfants de 13/14 ans. Je n’avais jamais eu cette classe . Le but de la leçon était d’enseigner les auxiliaires de mode «kunnen, mogen, willen ». Pour animer cette leçon, j’ai déposé un canari dans une cage sur mon bureau. J’ai pu utiliser cette situation pour pouvoir dire :
“Dat is mijn kanarievogeltje.
Het is heel klein, dat is een kanarievogeltje.
Het is in een kooi.
Het kanarievogeltje kan zingen. Kan je zingen?
Het kanarievogeltje kan vliegen.”
Comment est-ce que tu as eu le canari ?
Grâce au concierge. Chaque matin, en arrivant à l'école, je saluais le concierge. Nous avons sympathisé. Pour cette leçon, je lui ai donc demandé s' il pouvait me prêter son canari. Le concierge a accepté en me prévenant que celui-ci risquait de chanter… mais ça n’est pas un problème car si il chante je pourrais dire « het kan zingen ». Au début de la leçon, j’ai dit aux élèves « het kan niet zingen ». Il n’a pas chanté pendant toute la leçon, et puis voilà qu’à la fin de l’heure, il s’est mis à chanter. Je me suis exclamée, « Ah, ik ben vergeten, het kan zingen ». Les élèves ont rigolé.
For more information on object demonstration or other teaching with objects activities please refer to section 1.2. OBTL activities in the State of the Field.
“Il faut faire rire aussi parce que c’est amusant quand les étudiants comprennent bien”Mariette Ernst
Pourquoi un canari vivant plutôt qu’un faux ?
C’est plus gai avec un vrai canari plutôt qu’un canari en plastique. Cela met un peu d’ambiance dans la classe et ça aide à rendre les choses plus concrètes et plus amusantes pour les étudiants. Il faut faire rire les étudiants parce que c’est amusant quand ils comprennent bien. C’est beaucoup plus drôle d’enseigner quand ils sont réceptifs. C’est plus vivant donc les étudiants comprennent plus vite. Vu qu’ils sont grands, ils ne vont pas se moquer, ils vont même trouver l’idée d’apprendre avec un canari géniale.
Par exemple, si la leçon se centre sur la description d’une personne: le nez, la bouche, etc, Je ne vais pas simplement écrire les mots au tableau. Je vais demander à un étudiant d’aller au tableau et de montrer son nez, etc. “Dat is mijn neus, dat zijn mijn ogen, dat zijn mijn oren”. “Uw zegt oog enkelvoud, meervoud ogen en je schrijf het op het bord”.
Est-ce que tes collègues utilisaient des objets ou des animaux pour enseigner à l’époque ?
Non . Les enseignants de langues avaient souvent une formation de traducteur. Ils écrivaient tout le vocabulaire au tableau et les élèves devaient simplement copier. C’était donc une pédagogie difficile parce que les enseignants ne donnaient pas d’explications.
J’étais la seule enseignante de l’équipe pédagogique à essayer de rendre mon cours « vivant » . Par exemple, j’enseignais aussi des chansons en néerlandais aux enfants pour les aider à apprendre la langue. Le fait d’avoir donné cours en parallèle dans des écoles communales m’a probablement aidée à utiliser des méthodes plus ludiques. Il est aussi important de faire participer les élèves de manière dynamique plutôt que d’écouter passivement le cours. S' ils interviennent pendant la leçon, ils vont mieux intégrer la matière et ce sera une expérience plus amusante pour eux, et pour moi.
Si tu pouvais prendre n’importe quel objet et donner une leçon de langue, lequel prendrais-tu ?
Ça dépend du sujet de la langue. Si l’on parle de l’étude des fleurs, je prendrais un pot de fleurs ou un bouquet. Je pourrais, par exemple, m’appuyer sur un texte sur les champs de fleurs aux Pays-Bas.
Nous sommes souvent partis en excursion visiter des musées à Amsterdam, à Utrecht, ou même à Geleen. J’aimais beaucoup organiser ces sorties (me tenir au courant des activités, entrer en contact avec les musées, demander des ristournes pour mes élèves et moi-même, etc). Parfois il y avait un guide qui expliquait les collections. Mais il m’est arrivé aussi de donner les explications moi-même.
Après chaque sortie, j’achetais des affiches du musée visité. Ma classe était donc ornée d’affiches que j’utilisais dans les leçons.
For more information on teaching linguistic and other courses with objects please refer to section 2. Benefits and challenges of teaching with objects in different fields in the State of the Field.
Related sources:
Shuh, J. H. (1982). Teaching Yourself to Teach with Objects. Journal of Education, 7(4), 8–15. Retrieved 24 April 2023
Chapter | Teaching yourself to teach with objects | John Hennigar SHUH | 1982